Ce fût tout d’abord
ma mère qui m’appela :
- Mon fils, n’y va pas !
Conrad, lui, me
conseilla de me barrer vite fait en Argentine.
Tous ces gens
bien-pensants qui voulaient mon bien m’écœuraient et renforçaient
au contraire ma volonté de m’enfoncer dans ma marginalité.
Je les assurai qu’il
n’était pas question pour moi d’abandonner mes amis dans la
difficulté. J’avais ma part de responsabilité dans les événements
présents. Je l’assumerais.
- Bon, si tu y vas, j’irai aussi, dit ma mère. Je défendrai toujours mes fils, bec et ongles, quoi qu’il arrive !
Et c’est ce
qu’elle fit. Repérée par le journaliste de RTV1 qui cherchait à
meubler l’antenne dans l’attente du grand moment, ma génitrice
vida son cœur en direct, devant des millions de voyeurs.
- Voyez-vous, Michael a toujours été trop gentil et prêt à rendre service à tout le monde. Il a certes ses petits défauts, mais ce n’est pas un criminel. Si le président de la République s’est laissé entraîner par ces illuminés, pourquoi pas mon fils ? C’est à cause de la solitude si mon garçon se retrouve mêlé à cette histoire. Vivre tout le temps seul, ça vous monte à la tête ! Si seulement il m’avait écoutée, si seulement il s’était marié, nous n’en serions pas là ! Mon petit Michael n’a jamais eu beaucoup de volonté. Il a toujours été à la merci de ceux qui parlent haut et fort. Comme ce Razorbak. (Puis, plus bas) Ah, dites donc, j’ai une question. Est-ce que vous croyez que je pourrai lui faire parvenir des colis dans sa cellule de prison ?
Le journaliste
gominé reconnut son ignorance sur ce sujet et remercia poliment ma
mère.
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