Il nous a fallu
de longues investigations pour nous convaincre que le président
Lucinder n’était autre que l’un des plus grands criminels de
notre temps. Plus pervers qu’un Landru ou qu’un Petiot, le
président Lucinder, notre chef d’État, l’élu d’une majorité
des Français, a assassiné de sang-froid des hommes qu’il ne
connaissait même pas.
Ses victimes : des
détenus de droit commun qui ne demandaient qu’à purger leur peine
en toute sérénité. Son prétexte ou plutôt son mobile, comme on
voudra : l’étude de la mort ! Car, en effet, notre président de
la République chérit un hobby particulier : non pas le golf, la
cuisine au beurre ou la numismatique, mais la mort !
Assisté de
quelques complices liés à sa cause, le ministre de la Recherche
Mercassier, le professeur Raoul Razorbak, biologiste fou, le docteur
Michael Pinson, médecin-anesthésiste véreux, Amandine Ballus,
infirmière arriviste, le Président tuait à tour de bras.
On estime à cent
vingt-trois le nombre de prisonniers déjà passés à trépas grâce
aux bons soins de ce « commando de la mort programmée » et ce,
rien que pour satisfaire la morbide curiosité d’un chef d’État
despote.
On se croirait
revenu à ces temps barbares où des empereurs romains avaient droit
de vie et de mort sur d’impuissants esclaves. Certains faisaient
tuer les uns après les autres des quidams pris au hasard pour voir
si la tunique de Jésus-Christ arrivait à les ressusciter.
Cependant, de nos
jours il n’y a plus d’empereur (même si Lucinder se prend
parfois pour un César !), il n’y a plus d’esclaves. Du moins le
pensions-nous jusqu’à aujourd’hui. Nous étions convaincus
d’être dirigés par un président démocratiquement élu par ses
concitoyens. Un président qui a pour premier devoir de veiller à la
bonne santé de ses administrés et non de les occire !
À peine le
directeur de la prison de Fleury-Mérogis, révolté par tous ces
cadavres s’accumulant chaque jour dans ses caves, avait-il révélé
la terrible vérité en exclusivité à notre rédaction,
l’opposition s’est empressée de réclamer la levée de
l’immunité présidentielle. Le Parlement a aussitôt désigné une
commission d’enquête pour vérifier les faits.
La plupart des
ministres interrogés refusent de se rendre à l’évidence mais
certains annoncent déjà qu’au cas où la commission apporterait
la preuve de ces meurtres en série, ils proposeront aussitôt leur
démission.
Pour sa part, le
ministre Mercassier n’a pas attendu les résultats de ce supplément
d’information pour s’enfuir en Australie avec sa femme et
échapper ainsi à toute poursuite judiciaire.
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