- Attention !
- Malheur...
- Mon Dieu !
- Prenez garde ! Vous ne voyez donc pas qu'il va...
- Noooon !!!!!!
Long
crissement de freins. Choc sourd et feutré. Je courais après mon
ballon qui avait roulé sur la chaussée et le pare-chocs de la
voiture de sport verte me cueillit juste sous les genoux, là où la
peau est la plus tendre. Mes pieds décollèrent de terre. Je fus
catapulté dans le ciel.
L'air siffla à
mes oreilles. Je m'envolais au-dessus du sol. Un vent frais
s'engouffra par ma bouche béante. Là-dessous, loin en bas, des
badauds me scrutaient, épouvantés.
Une femme
hurla en me voyant m'élever. Du sang s'échappait de mon pantalon,
formant une flaque sur l'asphalte.
Tout se
passa comme au ralenti. Je volais au nivau des toits, observant des
silhouettes s'agitant dans des mansardes. Pour la première fois,
surgit alors dans mon esprit la question qui m'obsédrait si souvent
par la suite : « Mais qu'est-ce que je fais donc ici ? »
Oui, à cet
instant, suspendu dans le ciel une fraction de temps, je compris que
je n'avais rien compris.
Eternelles
questions. Chacun se les pose un jour. Moi, je me les posai en cet
instant où je mourais.
J'étais
monté très haut. Je redescendis très vite. Mon épaul percuta le
capot de la voiture de sport verte. Je rebondis et ma tête alla
heurter le rebord du trottoir. Craquement. Bruit sourd. Des visages
effarés se penchèrent sur moi.
J'avais
envie de parler, mais je ne pouvais plus rien faire, ni dire, ni
bouger. La lumière du soleil se mit à décroître lentement. En
février, le soleil est quand même timide. On sent que les giboulées
de mars ne vont pas tarder. Le ciel éteignit progressivement.
Bientôt je fus dans le noir, le silence. Plus d'odeur, plus de
sensation, plus rien. Rideau. J'avais juste sept ans et je venais de
mourir pour la première fois.
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