Les Thanatonautes (Bernard Werber) : 266 – MISE EN COMPTE

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samedi 31 janvier 2015

266 – MISE EN COMPTE

Nous savions déjà, depuis Entretien avec un mortel, que six cents points étaient nécessaires pour mettre un terme au cycle des réincarnations et devenir un esprit pur. Une nouvelle conversation avec saint Pierre fournit à Amandine des clefs plus précises. Elle nous rapporta le barème officiel.

MALUS
  • Mensonge : de 10 à 60 points.
  • Médisance : de 10 à 70 points.
  • Humiliation : de 100 à 400 points.
  • Non-assistance à personne en danger : de 100 à 560 points.
  • Abandon d’enfant : de 100 à 820 points.
  • Abandon de parents : de 100 à 910 points.
  • Acte de cruauté sur animal : de 100 à 1370 points.
  • Acte de cruauté sur humain : de 100 à 1450 points.
  • Crime entraînant la mort d’autrui : de 100 à 1510 points.
  • Récidive : malus multiplié par 1.5.
(Le nombre de points soustraits varie selon les cas, compte tenu de la volonté de nuire, du plaisir pris à faire le mal, de l’irresponsabilité, de l’égoïsme ayant motivé les actes et les non-actes.)
BONUS
  • Don intéressé : de +10 à +50 points.
  • Don désintéressé : de +10 à +90 points.
  • Apport de joie à l’entourage : de +10 à +100 points.
  • Assistance à animal en danger : de +50 à +120 points.
  • Assistance à personne en danger : de +100 à +270 points.
  • Production d’une œuvre d’art : de +100 à +410 points.
  • Idée originale permettant progrès : de +100 à +450 points.
  • Sacrifice de soi au profit d’autrui : de +100 à +620 points.
  • Bonne éducation d’un enfant : de +150 à +840 points.
  • Coefficient multiplicateur : bonus multiplié par 1,2.
Tant de précision rendit les gens encore plus frileux. Plutôt que de risquer de commettre un péché, certains préféraient se suicider tout de suite afin de remettre les compteurs à zéro, comme on disait à l’époque. L’expression n’était d’ailleurs pas qu’une métaphore. Une firme nippone avait effectivement mis sur le marché un compteur de bonnes et de mauvaises actions. Le karmographe : La chose consistait en une sorte de petite montre à écran à cristaux liquides et clavier numérique. Les gens la portaient à leur poignet droit, le gauche demeurant réservé à la connaissance de l’heure.
Il suffisait de noter, chaque soir avant de se coucher, les actes commis pendant la journée pour savoir où on en était exactement avec son karma. Pas assez de bons points et un cheval s’inscrivait sur l’écran du karmographe. Premier signe de l’échelle de dégénérescence karmique, laquelle passait en descendant à un chien, un lapin, une limace, une amibe. Les cas les plus graves étaient représentés par une tige de persil ou un champignon.
Avec le karmographe, on pouvait mourir serein en sachant exactement où on en était dans le barème, sans plus craindre d’affronter le jugement des archanges. Évidemment, l’opération de compte et de décompte exigeait beaucoup de franchise avec soi-même.
Au thanatodrome, nous jouâmes avec l’appareil. Rose constata qu’elle disposait d’un bonus de 400 points. Moi, j’en étais plus humblement quelque part entre +0 et +5 points. Je n’avais pas commis trop de vacheries dans mon existence mais je n’avais pas non plus été un saint. Finalement, Raoul avait raison : je n’étais pas un héros, j’étais un type neutre. Même dans mon karma j’étais moyen.
Freddy junior était quant à lui fasciné par sa machine. Son karmographe presque vierge annonçait gentiment +25 points. Le gamin n’en devenait pas moins obsessionnel. À peine avait-il tiré la queue de cheval d’une camarade du square qu’il consultait aussitôt son karmographe pour savoir si c’était grave.
L’appareil avait remplacé avantageusement la confession.

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