Les Thanatonautes (Bernard Werber) : 146 – LA COURSE CONTINUE

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vendredi 30 janvier 2015

146 – LA COURSE CONTINUE


Noir et silence.
J’ouvris enfin les yeux. Lumière opaque. Une silhouette charmante et gracile apparut dans le halo. Un ange, sans doute.
Il se pencha sur moi. L’ange ressemblait étrangement à une femme mais belle, comme on n’en voit jamais sur terre. Elle était blonde, avec des yeux bleu marine.
Son parfum sentait l’abricot.
Autour de nous, tout était maintenant blanc et serein.

- Ué… on… eo… Je… ai…eu.

Les anges devaient parler un langage à eux, un angélique jargon incompréhensible aux non-anges.

- Ué… mon… ero… Je tai… eu.

Elle répéta patiemment sa psalmodie et passa une main douce et fraîche sur mon front lisse.

- Tu es mon héros. Je t’aime.

Je regardai autour de moi, passablement hébété.

- Où suis-je ? Au Paradis ?


- Non. Au service de réanimation de l’hôpital Saint-Louis.

L’ange sourit, rassurant… Je reconnaissais ce visage. Je l’aurais reconnu entre mille. Amandine. Je sursautai. Tout me revint en mémoire. J’avais lutté contre un ectoplasme intégriste.

- J’étais évanoui ?


- Oui, depuis trois heures.

Amandine cala un coussin contre mes reins pour que je puisse m’asseoir plus confortablement. Jamais je ne l’avais vue si attentionnée à mon égard.
Près d’elle, Raoul, Stefania et l’astrophysicienne guettaient mes réactions. Raoul m’expliqua que Stefania avait été réveillée par mes cris. Elle s’était précipitée dans mon appartement et elle avait assisté aux derniers instants du duel.
On se serait cru dans Règlement de comptes à OK Corral, soupira l’Italienne. Je n’ai même pas eu le temps d’intervenir que tu l’avais déjà éliminé.

- Il… il… est mort ?

Le célèbre rire de Stefania retentit dans la chambre.

Ectoplasme


- Les ectoplasmes ne meurent pas comme ça. Ton type a dû regagner dare-dare son enveloppe charnelle. Gageons que ce curieux a déjà signalé à ses amis que la maison est bien défendue.

Amandine m’embrassa.

- Mon amour ! Penser que nous avons été si souvent si près l’un de l’autre et que je ne me suis jamais doutée que tu étais le meilleur. Tu as réussi une décorporation. Faut-il que je sois aveugle pour ne pas savoir apprécier ce qui est à portée de ma main. Il aura fallu cette histoire terrible pour que je réalise que tu es un guerrier. Un vrai !

Elle se pressa contre moi et je sentis la mœlleuse douceur de ses seins contre mon bras. Une langue avide se fraya un chemin entre mes lèvres.
Ce baiser ne me laissa évidemment pas indifférent. J’avais attendu si longtemps cette seconde…

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