Les Thanatonautes (Bernard Werber) : 141 – LUCINDER A UNE IDÉE

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vendredi 30 janvier 2015

141 – LUCINDER A UNE IDÉE

La fois suivante, Lucinder choisit de nous rencontrer sur son terrain. Estimant que, chez lui, nous serions plus malléables, il nous convoqua à l’Élysée. Dans son bureau de travail, il n’était pas seul. S’y trouvait aussi une femme en strict tailleur croisé.
Le chef de l’État nous expliqua qu’il ne voulait pas entrer en guerre contre les religions.

- Vous avez tort de sous-estimer les pouvoirs anciens. Le modernisme ne peut s’imposer à la hussarde. Il nous faut composer.

Stefania ne l’entendait pas de cette oreille.

- Vous ne savez pas ce que j’ai vu, je ne vois donc pas sur quoi on pourrait composer.

Lucinder fit un petit sourire.

- Certes, nous n’avons pas eu la chance de débarquer dans le pays rouge, mais disons, hum, que nous sommes capables de concevoir ce que vous y avez ressenti.


- Prétentieux ! Qui peut prétendre comprendre les désirs d’une femme ! clama Stefania.

Amandine ne put contenir un petit pouffement.
Quoi qu’il en soit, Lucinder ne voulait pas se laisser entraîner sur la pente de la provocation. Selon lui, il ne servait à rien d’affronter de face les religions. Celles-ci n’étaient ni bonnes ni mauvaises, elles ne faisaient qu’essayer de survivre.
Raoul rappela que Darwin s’était fait une réputation internationale justement en attaquant les religions et que, sans cette provocation, le darwinisme n’aurait pu émerger aussi vite. Lamarck, qui ne l’avait pas compris, disparut dans les oubliettes de l’Histoire.
Lucinder accepta l’argument, mais il ne démordait pas pour autant de son ambition de rassembler tout le monde, réactionnaires ou modernes.

- Il y a un moyen de concilier l’aile gauche et l’aile droite. Il faut ramener la thanatonautique dans la rationalité. Répondons à la religion par la science. C’est maintenant ou jamais qu’il faut faire taire les derniers sceptiques, d’où mon idée d’avoir recours à Madame.

Il nous présenta la femme en veste croisée.

- Le professeur Rose Solal est astrophysicienne et astronome, expliqua Lucinder. Depuis longtemps elle travaille sur un projet particulier, « Éden ». Projet « Éden », projet « Paradis », vous voyez que vos recherches présentent quelques similitudes, d’autant que le but « d’Éden » est de découvrir la localisation exacte dans l’espace du… Paradis.

Localiser le Paradis dans l’espace, l’objectif nous parut difficilement concevable. Nous avions évidemment toujours parlé d’un « continent des morts », mais ce n’était pour nous qu’une vue de l’esprit. Nous considérions l’au-delà comme une autre dimension, une réalité différente qui accueillait l’âme au sortir de notre corps. Un univers parallèle, en quelque sorte. Tel était notre postulat.
Que cette contrée puisse réellement exister dans le ciel étoile qui nous surplombe ne nous était jamais venu à l’idée. Certes, nombre de peuples de l’Antiquité en avaient été persuadés mais tant de fusées, de navettes, de missions Spoutnik ou Apollo envoyées dans l’espace nous avaient prouvé que le ciel n’était peuplé que de galaxies et d’étoiles !
Le président Lucinder était décidément un homme hors du commun, ouvert aux expériences les plus téméraires.
Dès le lendemain, Rose Solal rejoignait notre équipe au thanatodrome des Buttes-Chaumont. Nous étions désormais cinq à y œuvrer.

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