Les Thanatonautes (Bernard Werber) : 132 – BRICOLAGE

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jeudi 29 janvier 2015

132 – BRICOLAGE

Alors que nous progressions à petits pas, centimètre par centimètre, dans le Continent Ultime, un peu partout dans le monde les thanatodromes commencèrent à se réveiller. Il en poussait même comme des champignons.
Le sujet redevenait à la mode. Dès qu’on sut que Stefania avait eu l’idée d’associer la mystique à la science, on bâtit les thanatodromes à côté des temples et après les prisonniers, après les cascadeurs, surgit une nouvelle génération de thanatonautes essentiellement composée de clercs et de moines de toutes confessions.
Parallèlement, après les sceptiques et les enthousiastes, nous dûmes affronter les laïques qui considéraient ce mélange de superstition et de recherche comme détonant.
Ils nous surnommèrent les « conquistadores de la foi », car nous partions conquérir un territoire au nom de principes spirituels préétablis.
De fait, chaque prêtre qui passait le premier mur prétendait avoir vu des symboles de sa religion. C’était normal puisque, dans le territoire noir, le thanatonaute était assailli par ses propres souvenirs.
Les moines bénédictins déclarèrent avoir découvert l’origine de l’auréole des saints. Selon eux, c’était une représentation de l’ectoplasme entamant sa sortie par le haut du crâne. Les peintres de l’époque auraient ainsi voulu signaler la faculté des Élus à se décorporer.
Les antireligieux s’emportèrent, affirmant que tout cela n’était que publicité pour la calotte.
Il y avait tant d’intérêts, tant de sacré et tant de tabou en jeu. Amandine, Stefania, Raoul et moi savions que nous manipulions une bombe qui pouvait nous exploser au visage. Déjà « l’accident » de Jean aurait dû être pour nous un avertissement. Mais la curiosité était toujours la plus forte. Nous voulions tant savoir ce qu’il y avait après Moch 2.
Stefania nous en parlait à chaque envol. Elle l’avait touché, ce fameux second mur, mais elle ne se sentait pas pour l’instant capable de le franchir. Il lui manquait encore quelque chose qu’elle ne parvenait pas à définir.
Elle n’était pas la seule. Si d’autres bouddhistes tibétains, puis les moines taoïstes, puis les derviches tourneurs, les zoroastriens, les témoins de Jéhovah, les trappistes de l’abbaye de Mont-Louis, les jésuites de l’abbaye Saint-Bertrand1 passèrent sans trop de difficulté le premier mur comatique, aucun n’arrivait à passer le second.
Nous visitâmes leurs différents lieux de culte et apprîmes beaucoup de leurs cérémonies. Toutes les religions avaient en fait conservé dans leur mémoire les techniques d’envol. Qu’importait si leurs serviteurs les appelaient « prière éternelle » ou « contact avec le monde divin ».

1Il y a bien une cathédrale mais pas d'abbay : http://www.cathedrale-saint-bertrand.org/

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